L’Algérie : l’épine dans le pied de la diplomatie française

La rédaction

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Publié le 10 janvier 20255 min de lecture
L’Algérie : l’épine dans le pied de la diplomatie française

Depuis des décennies, l’Algérie s’impose comme un chapitre douloureux et interminable dans le livre de la politique étrangère française. Sous Emmanuel Macron, les tentatives de rapprochement ont pris une tournure presque surréaliste, tant par leur acharnement que par leur absurdité. Mais l’Algérie ne se limite pas à un problème de diplomatie étrangère ; elle est aussi une bombe à retardement sur le plan intérieur. Entre les relations exécrables avec Alger, l’épineuse question de la diaspora, et une guerre hybride qui se joue autant sur les réseaux sociaux que dans les esprits, l’Algérie reste une priorité que la France ne peut se permettre d’ignorer.


Macron et Alger : une danse stérile


Emmanuel Macron, pourtant dénué de tout lien personnel avec l’Algérie, a passé son premier mandat à multiplier les gestes de bonne volonté envers ce pays. Excuses historiques, repentances publiques, main tendue à maintes reprises… rien n’a fonctionné. Pire, ces tentatives ont été accueillies avec une hostilité manifeste de la part du régime algérien, à l’image du président Abdelmadjid Tebboune, dont le mépris pour Paris est à peine dissimulé.


En juillet 2024, Macron a soudainement changé de stratégie, reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, un véritable casus belli pour Alger. Cette volte-face, qui a réchauffé les relations avec Rabat, a simultanément envenimé celles avec Alger, rendant le climat diplomatique encore plus toxique.


Des échanges économiques en déclin


Sur le plan économique, l’Algérie représente un partenaire de plus en plus marginal pour la France. En 2023, les échanges commerciaux entre les deux pays atteignaient 4,8 milliards d’euros, soit une chute de près de 20 % par rapport à 2010, où ils s’élevaient à 6 milliards d’euros.

Exportations françaises vers l’Algérie : 3,1 milliards d’euros en 2023 (principalement produits pharmaceutiques, automobiles et biens industriels).

Importations algériennes vers la France : 1,7 milliard d’euros, dont 80 % liés aux hydrocarbures.


Ces chiffres pâlissent en comparaison des échanges avec le Maroc, qui s’élevaient à 10,4 milliards d’euros en 2023, une dynamique soutenue par un partenariat économique en pleine croissance.


Un régime en effondrement


L’économie algérienne, dépendante à 95 % des exportations d’hydrocarbures, s’est retrouvée fragilisée par la volatilité des prix du pétrole et du gaz. En 2022, les revenus liés aux hydrocarbures représentaient 42 milliards de dollars, contre 76 milliards en 2013, soit une chute de près de 45 % en moins d’une décennie. Cette dépendance expose le pays à des crises économiques majeures, exacerbées par un chômage endémique, notamment chez les jeunes (31 % pour les moins de 30 ans).


Pendant ce temps, le régime renforce son autoritarisme. L’arrestation de Boualem Sansal et d’autres intellectuels témoigne d’un raidissement qui ne laisse plus aucune place à l’opposition. Ces répressions alimentent l’exil : on estime que 10 000 Algériens hautement qualifiés quittent le pays chaque année, un véritable “brain drain” qui affaiblit encore davantage l’économie locale.


La guerre hybride : le nouveau champ de bataille


Au-delà des relations diplomatiques tendues, l’Algérie a inauguré une nouvelle ère de conflit avec la France : la guerre hybride. Sur les réseaux sociaux, des trolls algériens, souvent soutenus indirectement par le régime, orchestrent des campagnes de désinformation. La plateforme Pharos, chargée de surveiller ces attaques numériques, a signalé une hausse de 25 % des signalements d’activités hostiles depuis 2022. Ces campagnes ciblent des figures publiques, des entreprises françaises, et alimentent les tensions communautaires.


Un rapport de l’Ofac (Office français de lutte contre la cybercriminalité) estime que ces actions pourraient coûter jusqu’à 50 millions d’euros par an à la France, en termes de protection numérique, de lutte contre la désinformation et d’enquêtes sur les réseaux hostiles.


La diaspora : un levier de pression


La France abrite aujourd’hui une diaspora algérienne estimée à 1,7 million de personnes. Si l’immense majorité vit paisiblement, une minorité peut être manipulée pour des opérations de déstabilisation. Les services de renseignement français ont identifié plusieurs influenceurs proches du régime algérien, actifs sur des plateformes comme YouTube et TikTok, diffusant des messages hostiles à la France. Ces contenus, souvent viraux, touchent des millions de personnes et contribuent à polariser les débats publics.


En parallèle, les tensions communautaires exacerbées peuvent engendrer des coûts considérables. Selon une étude de l’INSEE, les émeutes urbaines de 2005, qui trouvent en partie leurs racines dans des tensions similaires, avaient coûté 200 millions d’euros en dégâts matériels et en intervention des forces de l’ordre.


Une question cruciale de sécurité intérieure


Le véritable enjeu de la relation avec l’Algérie réside dans son impact sur la sécurité intérieure française. Outre la montée des tensions communautaires et numériques, les souvenirs des attentats des années 90 demeurent vifs. La France a payé un lourd tribut à l’époque, avec plus de 300 morts entre 1993 et 1997, lors de la vague d’attentats orchestrés par des réseaux proches du GIA (Groupe islamique armé).


La situation actuelle, bien que différente, reste préoccupante. Les services de renseignement signalent une augmentation de 15 % des signalements d’individus radicalisés en lien avec l’Algérie en 2023, preuve que la menace, bien qu’endormie, n’a pas disparu.


Conclusion : un dossier brûlant


L’Algérie n’est pas un simple voisin difficile ; c’est un problème systémique qui touche à la fois la politique étrangère, la sécurité nationale, et la cohésion sociale en France. Si Emmanuel Macron a tenté de jouer la carte de l’apaisement, il est clair qu’une approche plus ferme et pragmatique est désormais nécessaire. Face à un régime qui s’accroche à son passé pour fuir ses responsabilités présentes, la France doit repenser sa stratégie. La question algérienne, loin d’être périphérique, reste cruciale pour l’avenir de la France.

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